Histoire d’éleveurs #4 – Une passion militante

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« Travailler à maintenir cette activité d’éleveur transformateur au village, c’est une façon d’être libre »

La passion de l’élevage et l’amour de la tradition, Nicolas Capodimacci les a reçues en héritage. 

Il avait dix-ans quand, avec son oncle et son père, ils partaient du village et de la mer pour monter dans la montagne et emmener les troupeaux. La transhumance se faisait uniquement à pied. 

« L’avantage de cette façon de faire est que les bêtes sont capables de retrouver leur chemin quand elles redescendent de la montagne »

En 2006, quand il débute son activité, il sait donc qu’il peut compter sur sa famille.
« Nous sommes une famille de bergers, d’éleveurs, mon grand-père puis mon oncle ont conservé l’exploitation et les savoir-faire »
Près de quinze ans plus tard, désormais quadragénaire, il élève entre 120 et 140 porcs Nustrale sur 90 hectares dans le respect scrupuleux des modes d’élevage extensifs sur parcours, à la châtaigne et aux glands tout en pratiquant l’estive au plus près de la tradition. 

Une expertise qu’il partage en tant qu’éleveur et président du Syndicat « Salameria Corsa » avec une trentaine de ses collègues, comme lui, sélectionneurs de race Nustrale. 

De quoi s’agit-il ? Tout simplement explique Nicolas Capodimacci, être capable d’assurer la reproduction d’animaux traçables génétiquement et donc la conservation des caractéristiques telles qu’elles sont définies dans le cahier des charges de la race. Une simplicité qui n’est apparente et qui demande une attention de tous les instants, au point que l’énergique président se fait parfois qualifier amicalement de « puriste ».

Réservant entre 60 et 70 porcs par saison, il les transforme en Prisuttu, Coppa di Corsica, Lonzu, les trois AOP aujourd’hui effectives mais également en Bulagna (ou Vuleta), Saucisson et Saucissette (« une merveille » précise-t-il avec des pâtes) et bien sûr des Figatelli. 

Ses clients sont des fidèles qui reviennent chaque année depuis vingt-ans s’approvisionner chez lui ou  des restaurateurs de la région. 

Extrêmement attentif à l’usage rigoureux de ces appellations, Nicolas Capodimacci est favorable à l’extension de l’appellation d’origine protégée aux autres produits « à condition de ne pas faire n’importe quoi et de gérer correctement l’appellation ». Car pour lui, on ne marchande pas avec la qualité. Avocat du 100% Nutrale, il reconnaît la nécessité de renforcer le travail de pédagogie auprès du consommateur afin d’éviter des achats hasardeux sur les marchés qui discréditent la réputation de la charcuterie corse. 

Éleveur, transformateur, sélectionneur de race Nustrale, président et animateur du syndicat « Salameria Corsa », mais aussi à la tête d’une entreprise d’aménagement foncier dans le rural, ce père d’une fillette, a des journées bien remplies. Il commence tôt le matin, finit à la nuit mais conclut-il : « Je suis heureux de pouvoir m’engager pour maintenir de l’activité, de pouvoir travailler en étant libre. J’ai la passion de mon métier et on ne compte pas ses heures pour sa passion ».